D’après une étude, réalisée en 2017 par la MFP (l’union de mutuelles de la Fonction publique), les fonctionnaires souffrent davantage de stress au travail que l’ensemble de la population. Ils sont d’ailleurs deux fois plus nombreux que les autres Français à prendre des anxiolytiques (13% de fonctionnaires en consomment, contre 6% dans la population en générale).
Une étude CSA 2018 met en avant les principales causes de stress
Le 2 juillet 2018, s’est tenu à Paris un colloque sur « la motivation et l’engagement des agents publics », organisé par la mutuelle Intériale.
A cette occasion, son Président, Pascal Beaubat a donné les résultats du baromètre CSA sur la santé et la prévention et a permis à différents acteurs de discuter, autour de tables rondes. Ce colloque réunissait des DRH de la Fonction Publique, des syndicats, des mutuelles, des politiques (dont une députée LREM) et la présidente de l’ANDRH (Association Nationale des DRH.
Plusieurs points ont été abordés, notamment le stress des agents publics des fonctions hospitalières, du Ministère de l’Intérieur, du Ministère de la Justice et du Ministère des Armées. Si le sondage révèle que la satisfaction au travail des fonctionnaires est du même ordre que celui de l’ensemble des salariés. Le stress est pour eux une situation préoccupante : 73% des agents du Ministère de l’Intérieur souffrent de stress (ce taux est de 69% dans l’ensemble de la population).
Ses deux causes principales sont liées : il s’agit d’une part d’un stress du fait de contact avec le public, et d’autre part du ressenti d’un faible soutien de la hiérarchie dans les situations difficiles.
Les différents intervenants ont fait part des difficultés de communication sur le lieu de travail qui nuisait à la solidarité entre les agents. Difficultés liées à un cloisonnement hiérarchique assez étanche (par exemple entre les différents niveaux des catégories des agents), un déficit de reconnaissance entre les métiers, voire même entre les générations.
Pour faire face à ces difficultés, le Président d’Intériale, organisateur de l’événement à proposer de multiplier les rencontres inter-métiers, les partages d’expériences entre des acteurs qui dans la fonction publique ont du mal à discuter entre eux de ces sujets.
Une initiative, un premier pas très apprécié par les nombreux participants au colloque.
Une expérience pour diminuer ce stress et augmenter motivation et performance
Dans un article publié par The Conversation, le 8 septembre 2018, « De l’art de motiver des salariés désabusés », Michel Berry,fondateur de l’école de Paris du Management, Mines ParisTech, nous relate une expérience réussie pour réduire le stress et augmenter la motivation et les performances, lors d’une restructuration au Ministère de l’Industrie du bureau de la métrologie.
Jean-Marc Le Parco, Chef du bureau de la Métrologie, en charge de ce projet va sur le terrain et constate l’inquiétude des agents qui ont vu diminuer drastiquement leurs effectifs et dont l’identité est bousculée : de vérificateur des instruments de poids et mesures, ils se vivent comme des agents de la répression des fraudes, les tâches de vérification de terrain ayant été confiées à des organismes privés, et leur rôle ne consistant plus qu’à contrôler ces organismes. Il décide alors de renvoyer sur le terrain ces agents, afin qu’ils contrôlent certains instruments en direct, par échantillonnage. L’objectif est que 25% du travail de ses agents soient du travail terrain.
Les piliers de cette réussite
Cette décision a des conséquences positives, sur le moral des agents qui reconquièrent leur identité professionnelle et sur la performance de leurs contrôles des organismes privés. Ensuite, il rend visible ce changement, en lançant une opération de presse de communication relayée par la presse régionale. Enfin, il remet en vigueur un ancien rite collectif : organiser une réunion annuelle de tous les membres du service, à Paris. La première a lieu à Bercy, et comporte des séances d’échange de bonnes pratiques ludiques sous la forme de saynètes humoristiques. Cette réussite de la re-motivation repose sur 3 piliers : la prise en compte du réel vécu par les salariés dans une écoute attentive, la restauration de leur identité professionnelle, la médiatisation de leurs succès et la mise en place de rites collectifs.
La lutte contre le stress au travail, l’augmentation de la motivation et l’amélioration de la performance sont donc corrélées. Ces projets reprennent toujours les mêmes ingrédients : une facilitation de l’écoute du réel des situations vécues, un renforcement de l’identité professionnelle, une reconnaissance externe publique, par la hiérarchie et la médiatisation, la mise en place de rituels collectifs ludiques, orientés Bottom-Up, davantage que Top-Down.
Isabelle Fiévet-Rossignol
Coach Group’3C
Membre du think-tank Galilée SP