Changer de vie professionnelle, elle connaît. Mireille Garolla en est à sa quatrième. Pour faire du repositionnement de carrière une réelle opportunité de vie, la dirigeante du cabinet d’outplacement Group’ 3C partage les clés de sa méthode. Rencontre.
Décideurs. Pourquoi votre ouvrage Changer de vie professionnelle s’adresse-t-il aux quadragénaires ?
Mireille Garolla. Car les quadragénaires sont ceux qui souffrent le plus de la cassure que connaît actuellement la société. Ils sortent d’un marathon de la performance et ne trouvent plus leur place. Alors qu’on leur demandait d’être excellent pour devenir manager, la jeunesse qui arrive sur le marché de l’emploi est autonome, n’a plus besoin d’être managée. À côté des fondateurs qui tiennent la vision et la stratégie globale, eux forment la génération écartelée, dont les idéaux sur lesquels ils se sont construits n’existent plus. Beaucoup de quadragénaires connaissent une énorme quête de sens. Quel que soit leur niveau de rémunération ou leur poste, certains n’éprouvent plus de plaisir à se lever le matin pour travailler. J’ai écrit cet ouvrage pour les accompagner à réenchanter leur vie professionnelle.
Décideurs. Comment provoquer ce réenchantement ?
M. G. Face à un tel constat, certains restent à tout prix accroché à leur poste au risque de tomber en maladie professionnelle, d’autres optent pour une reconversion radicale dans une association ou se lancent dans l’entrepreneuriat social et solidaire. L’ESS n’est pas le passage obligé pour retrouver du sens. La bonne démarche est d’abord de chercher qui vous êtes, à quoi vous rêvez, pour trouver votre propre zone de confort. À partir du moment où ce que vous êtes est aligné avec ce que vous faites, il est beaucoup plus facile de durer.
Décideurs. Quelle est la démarche à suivre pour partir à la recherche de soi ?
M. G. Il y a plein de moyens, aucun modèle n’existe. Certains font de la sophrologie, d’autres de la médecine douce, du sport, de l’associatif… L’important est de prendre des morceaux de sa vie pour se reconstruire, pour chercher ce qui redonnera envie. Ma seule préconisation est de se plonger dans l’inconnu pour identifier ce qui vous fait vibrer. Lorsque des pistes se dessinent, il faut continuer à creuser. Se mettre en danger en dépassant la peur de l’inconnu. Accepter de se mettre en mouvement non pas pour gagner mais pour chercher ses piliers de vie. Ces périodes sont des moments merveilleux de construction voire de reconstruction de la personnalité.
Décideurs. Déterminer « les piliers de notre vie », ça veut dire quoi ?
M. G. C’est un peu comme dans un salad bar, il faut déterminer son propre menu. Essayer d’identifier ce qui est réellement important. Les choses indispensables pour vous sentir bien. À 20 ans, le réseau relationnel, l’argent, la famille sont souvent vos principaux moteurs. À 40 ans, certains souhaitent transmettre, se faire respecter, bénéficier d’une reconnaissance autre que financière. À 60 ans, d’autres ont besoin de donner. Les piliers dépendent de l’histoire, de la personnalité et du moment de vie de chacun.
Décideurs. N’est-ce pas difficile de défendre une réorientation en entretien d’embauche ?
M. G. Rechercher un job est une question d’attitude. L’entretien ou le CV dits « gagnants » sont des machines à perdre. Dès que vous choisissez ce que vous voulez faire, il est difficile de vous arrêter. L’entretien qui fonctionne doit revenir aux fondamentaux, être un moment d’échange, qui permet de poser des questions avant de même de trouver des réponses. L’entreprise n’a pas à être le parent moralisateur. Au contraire, il est possible de changer de posture au sein d’une même structure. La transformation peut avoir lieu sur un même poste. La condition est simplement de retrouver l’intérêt dans ses missions et dans ses relations avec son équipe en redéfinissant sa signature professionnelle.
Décideurs. Comment bien utiliser son réseau pour redonner du sens à son parcours ?
M. G. Activer son réseau permet d’observer comment les autres écosystèmes vivent et interagissent. Associations, start-up, politique… en découvrant plusieurs milieux, votre esprit poreux s’ouvrira pour attraper un fil et défaire votre propre pelote. Le réseau est un vivier d’inspiration pour se connaître. J’ai vu beaucoup de cadres ouvrir une boutique ou devenir artisan après avoir testé des métiers plus simples. Créer quelque chose à leur image, transmettre un morceau d’eux, c’était ce dont ils avaient besoin. D’autres se sont fait réembaucher après avoir été licenciés. Partir marcher, se ressourcer en famille ou couper émotionnellement avec son employeur suffit parfois pour retrouver un sens.
Propos recueillis par Alexandra Cauchard
Mireille Garolla. Car les quadragénaires sont ceux qui souffrent le plus de la cassure que connaît actuellement la société. Ils sortent d’un marathon de la performance et ne trouvent plus leur place. Alors qu’on leur demandait d’être excellent pour devenir manager, la jeunesse qui arrive sur le marché de l’emploi est autonome, n’a plus besoin d’être managée. À côté des fondateurs qui tiennent la vision et la stratégie globale, eux forment la génération écartelée, dont les idéaux sur lesquels ils se sont construits n’existent plus. Beaucoup de quadragénaires connaissent une énorme quête de sens. Quel que soit leur niveau de rémunération ou leur poste, certains n’éprouvent plus de plaisir à se lever le matin pour travailler. J’ai écrit cet ouvrage pour les accompagner à réenchanter leur vie professionnelle.
Décideurs. Comment provoquer ce réenchantement ?
M. G. Face à un tel constat, certains restent à tout prix accroché à leur poste au risque de tomber en maladie professionnelle, d’autres optent pour une reconversion radicale dans une association ou se lancent dans l’entrepreneuriat social et solidaire. L’ESS n’est pas le passage obligé pour retrouver du sens. La bonne démarche est d’abord de chercher qui vous êtes, à quoi vous rêvez, pour trouver votre propre zone de confort. À partir du moment où ce que vous êtes est aligné avec ce que vous faites, il est beaucoup plus facile de durer.
Décideurs. Quelle est la démarche à suivre pour partir à la recherche de soi ?
M. G. Il y a plein de moyens, aucun modèle n’existe. Certains font de la sophrologie, d’autres de la médecine douce, du sport, de l’associatif… L’important est de prendre des morceaux de sa vie pour se reconstruire, pour chercher ce qui redonnera envie. Ma seule préconisation est de se plonger dans l’inconnu pour identifier ce qui vous fait vibrer. Lorsque des pistes se dessinent, il faut continuer à creuser. Se mettre en danger en dépassant la peur de l’inconnu. Accepter de se mettre en mouvement non pas pour gagner mais pour chercher ses piliers de vie. Ces périodes sont des moments merveilleux de construction voire de reconstruction de la personnalité.
Décideurs. Déterminer « les piliers de notre vie », ça veut dire quoi ?
M. G. C’est un peu comme dans un salad bar, il faut déterminer son propre menu. Essayer d’identifier ce qui est réellement important. Les choses indispensables pour vous sentir bien. À 20 ans, le réseau relationnel, l’argent, la famille sont souvent vos principaux moteurs. À 40 ans, certains souhaitent transmettre, se faire respecter, bénéficier d’une reconnaissance autre que financière. À 60 ans, d’autres ont besoin de donner. Les piliers dépendent de l’histoire, de la personnalité et du moment de vie de chacun.
Décideurs. N’est-ce pas difficile de défendre une réorientation en entretien d’embauche ?
M. G. Rechercher un job est une question d’attitude. L’entretien ou le CV dits « gagnants » sont des machines à perdre. Dès que vous choisissez ce que vous voulez faire, il est difficile de vous arrêter. L’entretien qui fonctionne doit revenir aux fondamentaux, être un moment d’échange, qui permet de poser des questions avant de même de trouver des réponses. L’entreprise n’a pas à être le parent moralisateur. Au contraire, il est possible de changer de posture au sein d’une même structure. La transformation peut avoir lieu sur un même poste. La condition est simplement de retrouver l’intérêt dans ses missions et dans ses relations avec son équipe en redéfinissant sa signature professionnelle.
Décideurs. Comment bien utiliser son réseau pour redonner du sens à son parcours ?
M. G. Activer son réseau permet d’observer comment les autres écosystèmes vivent et interagissent. Associations, start-up, politique… en découvrant plusieurs milieux, votre esprit poreux s’ouvrira pour attraper un fil et défaire votre propre pelote. Le réseau est un vivier d’inspiration pour se connaître. J’ai vu beaucoup de cadres ouvrir une boutique ou devenir artisan après avoir testé des métiers plus simples. Créer quelque chose à leur image, transmettre un morceau d’eux, c’était ce dont ils avaient besoin. D’autres se sont fait réembaucher après avoir été licenciés. Partir marcher, se ressourcer en famille ou couper émotionnellement avec son employeur suffit parfois pour retrouver un sens.
Propos recueillis par Alexandra Cauchard