Une rupture conventionnelle pour une reconversion professionnelle

Vous rêvez de reconversion professionnelle, de quitter votre emploi pour démarrer une nouvelle vie professionnelle ?  Vous avez un projet, mais vous craignez de démissionner et de perdre votre salaire ? Vous vous sentez « coincé » et perdez petit à petit votre motivation au travail ?

Rassurez-vous. La Loi du 25 août 2008 a introduit la rupture conventionnelle dans le code du travail (art L1237-11 à L1237-16).

En bref, le dispositif permet  au salarié et à l’employeur de convenir en commun des conditions de la rupture du contrat de travail qui les lie. Elle n’est possible que dans le cas de contrats à durée indéterminée et permet au salarié de bénéficier d’une indemnité de départ et des allocations chômage.

Une solution qui permet d’envisager plus sereinement une éventuelle période de transition professionnelle.

Qu’est ce qu’une rupture conventionnelle ?

Dans son article 5 , la loi de 2008 précise que « l’employeur et le salarié peuvent convenir en commun des conditions de la rupture du contrat de travail qui les lie ».

La rupture conventionnelle, exclusive du licenciement ou de la démission, ne peut être imposée par l’une ou l’autre des parties.

Elle résulte d’une convention signée par les parties au contrat. Elle est soumise aux dispositions de la présente section destinées à garantir la liberté du consentement des parties.

La rupture conventionnelle est le seul mode de rupture à l’amiable du contrat de travail.

Qui peut en faire la demande ?

Cette procédure est uniquement ouverte aux salariés employés en CDI. Ce mode de rupture concerne les salariés des entreprises privées, et sous certaines conditions, les fonctionnaires titulaires de la fonction publique. Dans les entreprises privées, il n’y pas de conditions d’ancienneté ni d’âge.

Pourquoi demander une rupture conventionnelle

Le grand avantage de la rupture conventionnelle est que le salarié concerné va percevoir les indemnités chômage, contrairement à la démission qui, sauf cas particulier, ne donne pas droit à ces indemnités.  La rupture conventionnelle donne également droit à des indemnités de départ qui ne peuvent être inférieures aux indemnités légales de licenciement.  Le dispositif va donc vous permettre de quitter votre poste actuel et de travailler sereinement à la mise en œuvre de votre nouveau projet.

Quelle est  la procédure  pour obtenir et mettre en œuvre la rupture conventionnelle

Votre décision est prise. Il faut maintenant en informer votre employeur et trouver avec lui les modalité de cette rupture : organiser un  ou plusieurs entretiens pour trouver un accord.

Quelles modalités pour l’organisation de l’entretien ?

Pour proposer une rupture conventionnelle à votre employeur,  vous devez organiser un ou plusieurs entretiens afin d’échanger et de trouver un accord sur les modalités de cette rupture. Aucun formalisme n’est requis,  mais attention, le défaut de cet entretien peut entraîner la nullité de la rupture. Il est donc préférable d’avoir une trace écrite de  la convocation et des échanges, comme une confirmation de l’entretien par mail du salarié ou de l’employeur.

En  pratique, un premier entretien permet de prendre acte de la décision commune. Le ou les entretiens suivants ont pour objectif de fixer les modalités de la rupture : date de fin de contrat, montant de l’indemnité, etc.

Peut-on se faire assister ?

Pour tous ces entretiens, vous pouvez vous faire assister  par une personne de l’entreprise ou par  un conseiller de salariés choisi sur une liste dressée par l’autorité administrative.  La loi le précise : « les parties au contrat conviennent du principe d’une rupture conventionnelle lors d’un ou plusieurs entretiens au cours desquels le salarié peut se faire assister :

1° Soit par une personne de son choix appartenant au personnel de l’entreprise (salarié titulaire d’un mandat syndical ou d’un salarié membre d’une institution représentative du personnel ou tout autre salarié) ;

2° Soit, en l’absence d’institution représentative du personnel dans l’entreprise, par un conseiller du salarié choisi sur une liste dressée par l’autorité administrative.

Lors du ou des entretiens, l’employeur a la faculté de se faire assister quand le salarié en fait lui-même usage. Le salarié en informe l’employeur auparavant ; si l’employeur souhaite également se faire assister, il en informe à son tour le salarié.

Quels arguments pour étayer votre demande ?

S’ il n’est pas obligatoire de fournir un motif lors de la demande de rupture, n’hésitez pas à mettre en avant votre souhait de mettre en œuvre un projet de reconversion professionnelle. Reprendre des études pour monter en compétences, se lancer dans une aventure entrepreneuriale ou dans un projet personnel sont des arguments qui peuvent emporter facilement l’adhésion de l’employeur.

Des arguments sur l’absence d’opportunités en interne (dans le cadre d’un virage professionnel) ou sur le manque d’adhésion aux valeurs de l’entreprise et aux modes de management sont également des arguments recevables.

En travaillant sur ces éléments, garder en tête un élément fondamental : l’employeur, comme le salarié, peut refuser la demande de rupture sans être obligé d’en donner la raison.

Que faire en cas de réponse négative de votre employeur ?

Si les entretiens ne vous permettent pas d’aboutir à une position commune et que votre employeur refuse l’idée de rupture conventionnelle, il vous faudra envisager une autre solution pour quitter votre poste. La démission reste une solution, mais sauf cas particulier elle ne donnera droit à aucune indemnité.  En revanche, vous avez le droit de revenir vers votre employeur et de refaire une demande de rupture conventionnelle après avoir retravaillé vos arguments.

Il est aussi possible d’envisager une démission – reconversion : depuis le 1er novembre 2019,  la loi vous autorise à démissionner tout en ayant droit à l’allocation chômage dans le cadre d’un dispositif encadré par pôle emploi. Il nécessite d’être en CDI depuis au moins 5 années en continu et d’avoir un projet de reconversion professionnelle bien préparé et reconnu comme étant réel et sérieux. Les critères étant extrêmement séléctifs, la démission-reconversion est extrêmement difficile à obtenir.

Comment homologuer la rupture conventionnelle ?

Signer la convention de rupture

En cas d’accord à l’issue des entretiens, l’accord définitif entre les parties est matérialisé par la signature de la convention de rupture. Attention, depuis le mois d’avril 2022, le recours au site officiel TéléRC est obligatoire. Relisez soigneusement les termes et assurez-vous que ce qui est écrit correspond bien à ce qui a été négocié lors des entretiens.

Une fois signée, et après un délai de rétractation de 15 jours, la convention doit être homologuée par l’administration (DIRECCTE). Après envoi par l’employeur, toujours via le site TéléRC, l’administration dispose à son tour de 15 jours pour homologuer la convention, après avoir vérifié le respect des conditions prévues par le Code du travail.

Homologation et fin de contrat

Attention, l’homologation de la convention de rupture n’est pas synonyme de fin du contrat de travail. Celui – ci perdure jusqu’à la date prévue par les parties dans la convention. En effet, ne s’agissant pas d’un licenciement, il n’y as pas de préavis dans le dispositif de rupture conventionnelle.

Quelles obligations à l’issue de l’homologation ?

À l’issue de la procédure, l’employeur a l’obligation de remettre au salarié un certificat de travail, un reçu pour solde de tout compte et une attestation pôle emploi.

Il doit verser au salarié une  indemnité spécifique de rupture conventionnelle. Celle-ci ne peut pas être inférieure à l’indemnité légale de licenciement, et elle varie en fonction de la rémunération du salarié et de son ancienneté.

Pour percevoir les allocations chômage, vous devrez ensuite vous inscrire et faire les démarches nécessaires auprès de pôle emploi.

Une fois toutes ces étapes franchies, vous pourrez plus sereinement envisager votre reconversion.

Cependant, même si une rupture est envisageable dans votre entreprise, ne vous précipitez pas. Une reconversion professionnelle  se pense et se prépare.

Comment réussir sa reconversion ?

Notre conseil pour changer de vie professionnelle : faites-vous accompagner pour réfléchir sur ce que vous voulez faire, ce que vous savez faire, vos motivations, l’impact sur votre environnement familial et professionnel, etc.

Recourir à un coach professionnel

Un coach vous aidera  à vous projeter dans ce nouveau projet et à vous poser les bonnes questions . Choisissez un coach professionnel certifié et qui vous inspire confiance : il saura vous accompagner et vous challenger pour vous aider à ouvrir une nouvelle page de votre vie professionnelle. Il vous donnera l’opportunité de faire la distinction entre des difficultés professionnelles conjoncturelles et des besoins de réorientation plus profonds.

Réaliser un bilan de compétences

Faire en amont un bilan de compétences peut être d’une aide précieuse pour  vous aider à y voir plus clair et vous permettre d’affiner votre projet.  Grâce à ce bilan, vous saurez identifier et évaluer vos compétences, voscaractéristiques personn

elles, vos  intérêts professionnels, vos motivations et vos valeurs.

Vous ferez le point sur votre situation professionnelle en analysant vos expériences de vie et de travail afin devous projeter dans l’avenir, élaborer ou valider un projet et  déterminer un plan d’action pour le concrétiser. Vous définirez vos éventuels besoins de formation par rapport à ce projet. Vous saurez ainsi vous situer sur lemarché du travail et valoriser votre candidature.

Demander un accompagnement personnalisé

Vous pouvez aussi négocier avec votre employer d’être suivi dans le cadre d’un outplacement individuel et l’inclure dans la convention de rupure en fixant un montant par exemple. Outre la réflexion sur votre projet, l’outplacement vous permettra d’être accompagné dans votre recherche pendant une durée déterminée, ou jusqu’à obtention de votre nouvel emploi.

Avec un projet bien préparé et une rupture conventionnelle bien négociée, vous serez armé pour mettre en œuvre votre reconversion de façon sereine et efficace.