Une préparation minutieuse accompagnée d’un cheminement personnel sont nécessaires lors d’une transition professionnelle, qu’elle soit assumée ou subie.

L’idée de vouloir changer de vie traverse l’esprit de beaucoup de personnes, mais peu d’entre elles osent sauter le pas.
Pour les DAF, la transition professionnelle est liée aux appétences et aux compétences de chacun. Ceci peut les amener à des métiers de consultant, manager de transition, expert-comptable, enseignant, formateur… Et ceux qui désirent changer plus radicalement de domaine, peuvent s’orienter vers les ressources humaines, les achats, la direction générale ou bien l’entrepreneuriat.
« De par leur rôle de business partner et leur vision globale de l’entreprise, les DAF disposent de nombreux atouts, dont la légitimité, pour s’orienter vers des fonctions transversales. En revanche les DAF s’aventurent rarement, à tort, vers la création ou la reprise d’entreprise. Leur job consiste à gérer et minimiser les risques alors que l’entrepreneuriat nécessite justement une certaine prise de risques et une dose d’audace » estime Mireille Garolla.
Mais peu d’entre eux osent la prise de risque.

  • S’armer de patience

La reconversion professionnelle nécessite un temps de préparation et de maturation qui est souvent sous-estimé. En effet, la plupart des entreprises recrutent des DAF pour des postes de DAF.
« Pour une reconversion dans un métier proche de votre domaine d’expertise, il faut compter trois à quatre mois, en étant accompagné » souligne Mireille Garolla. Il faudra compter entre six mois et un an pour une reconversion vers une fonction plus éloignée de son domaine de compétences.
« Concrétiser un changement substantiel, comme une reprise d’entreprise, en moins d’un an n’est pas réaliste. Un délai de 18 à 24 mois parait plus raisonnable. » précise Jerry Knock – directeur associé chez Oasys Consultants.

Tout projet de reconversion s’accompagne d’une phase d’introspection (Pourquoi changer de métier ? Quel type de projet m’intéresse ? Quelles sont mes compétences ?…).

Il est donc primordial de savoir répondre à ces questions et d’être au clair avec ses motivations, ses aptitudes et ses compétences, pour ne pas confondre la lassitude de son poste actuel et celle de l’exercice de son métier.
Un accompagnement durant cette période de transition professionnelle est recommandé. Il apporte une expertise et permet de bénéficier d’un avis extérieur et de conseils méthodologiques adaptés à chaque situation.

  • Les différents types d’accompagnement

Si cette reconversion est subie, l’accompagnement peut être pris en charge par l’employeur.
Le CEP (Conseil en Évolution Professionnelle) est un dispositif gratuit qui permet d’accompagner le salarié et de faire le point sur sa situation professionnelle.
Le CPF (Compte Personne de Formation) permet de faire un bilan de compétences sur son potentiel, son projet…
Et l’AVARAP (association de loi 1901) propose au travers d’une méthodologie unique, connue et reconnue d’accompagner des cadres en reconversion. Selon cet institut, l’ensemble de la phase de transition professionnelle (du bilan de compétences à l’écriture du projet) prend environ sept mois en y consacrant une quinzaine d’heures chaque semaine.

  • Du rêve… à la réalité !

La confrontation du projet professionnel au marché est indispensable, en travaillant son réseau par exemple. La consultation des offres d’emploi disponibles permet de se positionner sur les perspectives et les salaires envisageables.
Selon Pierre Lamblin, il faut s’intéresser « aux petites entreprises et au secteur de l’économie sociale et solidaire, probablement plus sensibles aux compétences qu’aux parcours. Car plus la reconversion est singulière, plus les barrières seront importantes ».
La phase de concrétisation n’est possible que si le bilan de compétences et la phase de test du marché confirment un vrai potentiel. L’APEC propose justement un accompagnement durant cette phase (élaboration du CV, discours, ciblage des entreprises, réseautage).
Une attention toute particulière doit être portée aux CV qui ,selon Mireille Garolla, «sont trop touffus et les plus-values qui différencient des autres professionnels sont souvent absentes ou pas mises en valeur ».
Pour vendre son projet professionnel, il faut bien travailler son discours « en s’appuyant sur un storytelling intelligent, cohérent et authentique ».
Pour parfaire ses compétences, une formation ou une VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) sont fortement recommandées.

Bon à savoir

  • Pour 95% des DAF, l’évolution la plus appropriée est de rester DAF mais de changer d’environnement (selon l’étude « DAF à mi-carrière » du cabinet Oasys).
  • A l’inverse, seulement 64% de sondés sont favorables à se spécialiser dans l’audit, la compliance, la trésorerie…
  • Pour 75% des répondants, la création ou la reprise d’entreprise ou bien le conseil sont envisageables.
  • Pour 85% d’entre eux, l’orientation professionnelle la plus appropriée s’ils devaient changer de domaine de compétences, serait un poste de direction générale (qui est motivante pour la moitié des sondés).

A partir de 2019 : nouveautés concernant la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel

  • Une prise en charge financière ainsi qu’un congé spécifique (CPF de transition – anciennement le CIF) pourront être obtenus par les salariés souhaitant se former dans le cadre de leur transition professionnelle.
  • Pour les salariés ayant un projet professionnel et qui ont travaillé pendant cinq ans de manière ininterrompue, pourront démissionner et bénéficier d’un droit à l’assurance-chômage.

Pour en savoir plus : Article 37 – septembre 2018, DAF Magazine.