Le marché de l’emploi fait face à une réelle incertitude en raison de la crise liée au Covid. Dans ce contexte, nous nous sommes demandé si les formes d’emploi alternatives au CDI classique peuvent être amenées à augmenter. Luc Marot, associé du cabinet X-PM, a accepté de nous apporter son expertise. Il nous aide à comprendre en quoi le management de transition peut représenter une opportunité.

Le management de transition : de quoi s’agit-il ?

Le management de transition est défini comme le recours à des compétences opérationnelles externes de haut niveau, pour une durée limitée, afin d’accomplir une mission spécifique. Il consiste à confier la direction d’une entité d’une fonction ou d’un projet à un manager opérationnel expérimentée. Ceci pendant une durée limitée, le temps d’atteindre un projet.

Les entreprises font appel aux managers de transitions dans toute les phases de leur évolution. Cela peut être la gestion d’un projet de croissance ou celle d’une situation de crise par exemple. Toutes les missions de management de transition comportent une phase du diagnostic de la situation et la proposition d’un plan d’action. Le plan d’action est ensuite mis en oeuvre de façon opérationnelle. La dernière phase consiste à passer le relai en interne afin d’asssurer la pérénité du projet.

Le management de transition concerne plusieurs dizaines de milliers de personnes en Europe. Alors que dans de nombreux pays il s’apparente à de l’intérim cadre, il constitue en France une activité spécifique grâce à sa dimension de conseil. Si le cabinet X-PM possède un vivier de près de 10 000 personnes, Luc Marot reconnait que les associés ont une connaissance plus fine d’environ 2 000 personnes.

Les sociétés qui utilisent du management de transition sont pour plus de 50% dans le milieu industriel et 18% dans les services. Il s’agit en majorité d’ETI (45%) ou de grandes entreprises (28%). Les métiers les plus sollicités sont ceux de la finance, des ressources humaines et des directions industrielles.

Quel est le profil type du manager de transition ?

Il s’agit généralement de personnes ayant développé une forte expertise de leur métier et de leur secteur. Elles ont toutes un profil expérimenté et ont au préalable occupé des fonctions de direction. Cela explique en grande partie une moyenne d’âge supérieure à 45 ans. Outre leur capacité à mener un projet de A à Z, ils sont à la fois capable d’apporter une vision stratégique et d’être très opérationnels.

Leur sens de la communication leur permet de gérer des équipes et de communiquer avec les parties prenantes. Leurs autres compétences résident notamment dans leurs capacités à résister au stress et à faire preuve d’adaptabilité. Ils doivent aussi se montrer réactifs et orientés résultats. Enfin ils font preuve de leadership, d’engagement et démontrent une grande intégrité.

Contrairement au monde de l’entreprise, il y a peu d’opportunité pour développer sa carrière en management de transition. On est recruté pour des missions dans lesquelles on a une expertise reconnue. Il vaut mieux donc se diriger vers le management de transition lorsqu’on a acquis une réelle maturité professionnelle.

Pourquoi se diriger vers le management de transition ?

Cela peut répondre à un besoin d’indépendance. Pour d’autre il s’agitd’avoir un impact plus important sur la vie d’une entreprise. Certains constatent qu’ils ne sont pas faits pour l’environnement plus « politique » qui existe à certains niveaux de poste. Le management de transition leur convient bien car ils peuvent conserver leur liberté de décision et de parole.

D’autres choisissent cette option entre deux contrats en CDI. Dans ces cas-là, ils auront tendance à favoriser des missions courtes. Ceci leur permettra d’avoir de la souplesse au regard de leur situation.

Cabinet de management de transition ?

Les avantages de faire appel à un cabinet sont nombreux.

On a beau être un excellent professionnel de son domaine, mais on peut avoir du mal à se vendre. Travailler avec un cabinet permet de se voir confier des missions, plutôt que d’avoir à aller les chercher. Si on décide de contacter un cabinet, avoir déjà effectué une première mission reste un plus.

En amont de la mission, le cabinet qualifie finement le besoin de l’entreprise cliente. Cela lui permet d’allouer le profil le mieux adapté. Le manager de transition est donc sûr d’être en mesure de mener sa mission dans les meilleures conditions. Le cabinet peut également servir d’intermédiaire lorsque le client a du mal à faire passer certains messages. Ce faisant, il permet à la personne en mission de s’ajuster rapidement dans le meilleur intérêt de tous.

Ou travail en indépendant?

Le principal avantage de travailler en free-lance, quel que soit son statut, se situe principalement du côté de la rémunération. Un cabinet facturera le client au même tarif que le manager de transition indépendant. Dans la mesure où il appliquera ses marges, le « net in the pocket » pour la personne placée sera moins important.  

Ainsi, pour un manager de transition aguerri, il peut être pertinent de cumuler travail en direct et avec un cabinet.

Le management de transition dans les mois à venir.

Luc Marot précise que selon lui « la seule certitude est l’incertitude ». Alors qu’on peut penser que les missions liées aux restructurations se multiplieront, il n’y a eu pour l’instant aucun signe flagrant dans ce sens. Les missions que l’on peut imaginer débuter seraient en ressources humaines ou en finance, notamment gestion du cash.

Quelles que soient les évolutions, le management de transition continuera de s’adresser à des profils expérimentés. Pour ces personnes, le management de transition peut représenter une réelle option pour rester sur le marché du travail. Le cas échéant, pour se faire connaitre des cabinets de management de transition, il faut solliciter son réseau. Cela permet d’être mis en relation et de multiplier les chances d’être retenu.

A écouter également, « Le CDI est parfois compliqué. Quelles sont les autres formes de travail? ».
A retrouver avec d’autres sujet sur la page
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Dalila Abgrall et Mireille Garolla